Je ne vois que vos peurs fleurir au gré des vents,
Et les fleurs périr à l’idée du printemps,
Il n’y a rien de visible et de voir pourtant
Nos yeux y sont forcés par la mort indicible
Qui hantera nos vies encore cent mille ans.
Vous ne manquiez de rien, et pourtant vous voici
Fouissant comme dans une plaie l’atome si petit
Alchimistes naissants tout au cœur de la vie
Vous lui avez ôté la force et l’avenir
Vous vous êtes crus Dieux, ça n’était que chimie...
Nous avons vu l’horreur, nous avons vu les crimes,
Les bombes écarlates déchirant jusqu’aux cimes
Des cieux, livides et tristes de nous voir infimes
Recréer tout le feu de l’immense soleil,
Icare créant maudit tous nos enfants infirmes.
Justifiez, assassins, vos trouvailles guerrières,
Par le trop saint progrès illuminant l’enfer :
Des milliards d’objets jaillissant de sous terre,
Y viendront animer nos rétines mourantes,
Mus par le son immonde du glas nucléaire.
La boue dans nos poumons écartèle nos peaux
Fais tomber nos cheveux et puis broie tous nos os
Pour des millions d’années sans trêve ni repos
Vous nous avez plié au joug de la fission
Sauvages mécaniques à l’absurde fardeau.
Mais il y aura l’été, et les ruines fleuries,
Par-dessus les tombeaux des centrales enfouies
Notre joie durera plus que dure l’oubli
Et nous serons vivants à la fin sans comprendre
Comment ceux avant nous firent telle infamie.
Nous ne mourons que peu, nos idées au-delà
De nos vies et nos terres s’étirent et se déploient
Avec amour et rage dans ces mondes étroits,
Le chemin nous inonde de nos doutes riants :
Acharnées et terribles continuant le combat.